Regards croisées de Loane et Laurent, co-référents DDRS
- Un duo engagé, aux compétences complémentaires
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Laurent, maître de conférences en mécanique des fluides et thermique et chercheur dans le domaine de la rhéologie pour la valorisation des biodéchets, est également responsable du semestre à choix ACT – Agir pour Co-construire les Transitions. Il intègre les enjeux socio-environnementaux dans ses enseignements, notamment dans le cours d’introduction aux Enjeux socio-écologiques qu’il dispense en première année de l’école mais aussi dans d’autres formations.
Loane, porte une double casquette : elle développe des modules et des supports pédagogiques autour du numérique responsable, tout en menant des actions au sein de l’école : Rentrée écocitoyenne, encadrement de projets, événementiel dans le cadre de l’Open Cube, participation aux différents groupes de travail sur le DDRS.
Comment travaillez-vous ensemble ?
La répartition est fluide : "on fonctionne en binôme, avec des responsabilités qui se croisent en fonction de nos disponibilités et compétences", explique Laurent. Lui s’investit plus sur l’aspect pédagogique, Loane davantage sur les événements et les projets étudiants. "Mais on partage énormément de choses, et surtout une vision commune."
- Former des ingénieur·es acteurs et actrices des transitions
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Quels sont les grands enjeux DDRS dans une école comme Grenoble INP - Ense³ ?
Pour Laurent, il est crucial de sortir du prisme climat/énergie, souvent trop restreint :
On ne peut pas tout réduire au CO₂. Il faut avoir une vision d’ensemble et parler des limites planétaires dans leur globalité, de l’effondrement du vivant, réfléchir en termes de réparabilité, de robustesse, de soutenabilité. C’est là que l’ingénierie devient indispensable.
Loane insiste sur l’impact que peuvent avoir les ingénieur·es formé·es à l’école :Nos étudiant·es viennent pour ces questions-là. Ils sont déjà sensibilisé·es, et nous devons les aider à aller plus loin, à développer une posture critique, à comprendre qu’ils peuvent avoir un impact concret et positif dans leur métier. Leur montrer que les solutions viennent aussi de leur métier et non pas seulement d’un engagement citoyen.
Quels engagements ont été pris ? Où en est l’école aujourd’hui ?Pour Loane :
le but de Grenoble INP – Ense³ est d’aller au-delà de la simple sensibilisation, de donner à nos élèves des outils d’ingénierie permettant de se questionner, de changer les pratiques, etc.
. Elle ajoute également queglobalement, les engagements présentés dans le document Nos engagements 2023-2025 ont été réalisés, comme la création de l’Open Cube, un label dédié à la sensibilisation des enjeux socio environnementaux, l’inscription dans toutes les fiches de poste d’une mission en lien avec le DDRS, l’intégration de ces enjeux dans la maquette pédagogique ou encore le fait de rendre les sciences accessibles aux élèves de la région Grenobloise et notamment ceux éloignés de la sphère scientifique grâce à de nombreux évènement de vulgarisation et de sensibilisation.
Laurent complète en indiquant qu’il reste quelques points à renforcer, comme une journée de formation annuelle, mais qu’on est sur une bonne trajectoire.
Concernant l’intégration des enjeux socio environnementaux dans la plaquette pédagogique, ce travail a été fait lors de la dernière refonte de l’organisation du cursus ingénieur chez Grenoble INP – Ense³ proposée dans le cadre de l’accréditation de la CTI (Commission des Titres d’Ingénieur) pour les six prochaines années. Cette nouvelle maquette intègre de manière centrale les enjeux socio-environnementaux dans chacune des filières métiers de l’école grâce à des enseignements dédiés dans une UE d’introduction à la conception soutenable dès la première année. Chaque filière y consacrera ensuite un minimum de 60h réparties sur plusieurs unités d’enseignement avec une visée régénérative et des projets concrets à impact positifs répondant à des besoins réels.
Comme le souligne Laurentl’objectif est de ne pas se contenter de limiter les impacts des activités humaine sur l’environnement mais de favoriser le développement des écosystèmes et du vivant grâce à une ingénierie régénérative.
Et pour les années à venir ?Un nouveau plan d’action est en cours d’élaboration, notamment nourri par deux projets étudiants : bilan environnemental et l’Ecole en 2050. Il permettra de donner un nouveau cap à l’école et ses usagers.
En plus de l’intégration de la notion de régénératif dans le cursus ingénieur, nous souhaitons traiter les questions liées à l’intelligence artificielle : quels usages, quels impacts, quelle posture critique ?
, précise Loane.
- Des actions concrètes
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Quels projets ou initiatives vous tiennent à cœur ?
Laurent cite les projets d’ingénierie du parcours ACT- PISTE :
On demande aux étudiantes et étudiants de proposer des solutions scientifiques et techniques concrètes qui soient également soutenables, accessibles, réparables, robustes, et documentées pour être appropriables par toutes et tous. Il y a donc une dimension forte de partage des connaissances et de science ouverte.
Parmi les autres initiatives marquantes : les parrainages avec des figures engagées comme Heïdi Sevestre, glaciologue et fervente défenseuse du vivant et des ressources naturelles ou Alexandre Monin, philosophe ambassadeur de la redirection écologique. Ces parrainages offrent une ouverture d’esprit hors du cadre purement académique et permettent un apport de connaissances transverses et une compréhension multidimensionnelle des défis contemporains et des objectifs de développement durable (ODD) définis par l’ONU.
Loane, de son côté, travaille à intégrer une analyse critique des stages :L’idée est que les étudiants et étudiantes évaluent la prise en compte des enjeux DDRS dans leur entreprise d’accueil et identifient leurs marges de manœuvre pour y contribuer en tant qu’ingénieur·e.
Le comité opérationnel DDRS évolue-t-il aussi ?Oui. Il tend à se structurer en plusieurs groupes de travail thématiques (régénératif, compétences, ACV, etc.) avec une volonté claire : rendre l’implication des étudiants plus simple, plus ponctuelle, mais aussi plus impactante.
Il faut que ce soit concret et actionnable
, souligne Loane. - Une dynamique collective
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Collaborez-vous avec d’autres écoles ou partenaires ?
Loane et Laurent participent au réseau des référents DDRS de Grenoble INP, avec des échanges réguliers sur les bonnes pratiques des différentes écoles de l’établissement.
À l’échelle de la Franceles rencontres nationales des référents DDRS dans l’enseignement supérieur sont un espace d’échange, de débat, et de veille sur les innovations pédagogiques. d’après
Loane.
Un partenariat avec AgroParisTech a également vu le jour. Il s’inscrit dans une logique de complémentarité :Nous avons des problématiques similaires comme les questions liées à la gestion de la ressource en eau ou des flux énergétique. Il y a une forte convergence et complémentarité entre les connaissances, compétences et techniques dispensées dans nos deux écoles. Ils ont la vision des enjeux liés au nexus eau, énergie et préservation du vivant en lien avec l’agronomie. Nous pouvons apporter une expertise scientifique et technique complémentaire. Ensemble, on peut aller très loin sur des sujets comme la gestion de l’eau, la méthanisation, ou encore la biodiversité
, explique Laurent. - Un engagement professionnel et humain
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Comment résumeriez-vous votre engagement en une phrase ?
Loane : « Donner du sens à mon travail : si je me suis retrouvée à ce poste c'est que j'étais à la recherche d'un métier où je puisse vraiment ressentir le pourquoi, l'importance de ce que je fais. Je voulais avoir un travail qui joue un rôle pour les causes socio et environnementales et donc lier le côté pédagogie, formation des futur.es ingénieur.es et actions en lien avec l'environnement ça collait vraiment bien ! »
Laurent : « Dans un monde qui s’annonce de plus en plus fluctuant, je tiens à être en phase avec mes valeurs et à préparer aux mieux nos étudiants aux évolutions à venir du métier d’ingénieur. »
Qu'est-ce que vous admirez dans l'engagement de l'autre ?Loane : « L'énergie et le temps qu'il investit pour cette cause côté pro avec notamment la responsabilité de la formation ACT, le cours d’introduction aux enjeux socio-écologiques en première année ainsi que des actions hors école comme l’animation de la Fresque de la Biodiversité. »
Laurent : « J’apprécie son engagement et toute l’énergie qu’elle déploie pour sensibiliser nos étudiants aux enjeux socio-écologiques et en particulier sur le volet numérique. »